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Agence nationale de la recherche, la position du SNCS-FSU. SNCS-Hebdo 16 n°2 du 4 février 2016

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Le SNCS-FSU est en plein accord avec la pétition sur l’ANR actuellement en ligne et appelle à la signer. Le diagnostic est hélas exact et clair : « L’assèchement de pans entiers de la recherche française auquel nous assistons depuis plusieurs années du fait de manque de financements récurrents conduit aujourd’hui à la disparition de nombreuses thématiques de recherche et est une menace lourde pour l’avenir du pays ».

Parce que l’invention de l’Agence nationale de la recherche (ANR) mettait fondamentalement en cause le rôle de la recherche et son financement au sein des organismes et des universités, la majorité des scientifiques s’est fermement opposée en 2004, à la création de l’ANR. Loin d’avoir été une source de crédits supplémentaire, l’ANR a d’abord été l’instrument de l’étranglement budgétaire des établissements. L’ANR a vu ensuite ses propres crédits baisser, avec pour conséquence la chute vertigineuse du taux de succès d’une réponse à ses appels à projets, qui est passé de 26 % en 2005-2007 à moins de 10 % aujourd’hui. Nous avons montré – il y a déjà deux ans – que le fonctionnement de l’ANR coûtait plus cher au contribuable que le montant des crédits qu’elle est capable de distribuer. La proroger, c’est s’enfoncer toujours plus dans le gâchis !

Patrick Monfort, secrétaire général du SNCS-FSU


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Nos prévisions ont été hélas confirmées par une pluie de démissions, au premier rang desquelles, en septembre 2015, celle de Patrick Petitjean de son rôle de président du comité de Physique sub-atomique, science de l’univers, structure et histoire de la Terre de l’ANR. Celui-ci témoigne que « pour la sélection ANR 2015 en Sciences de l’univers, seulement 5 projets collaboratifs et 3 projets jeunes chercheurs ont été acceptés cette année pour, respectivement, 60 et 33 projets déposés. Le taux de succès est donc entre 8 et 9 %. Ce taux est même plus petit que celui de l’ERC [European research council]. »*

Au-delà de l’ANR et des agences médicales, cette politique d’appels à projets s’est fortement généralisée du fait des Programmes d’investissement d’avenir (PIA), Idex, Labex, IRT, etc. Cette « culture »‡ ôte aux établissements une grande partie de leur fonction de mise en oeuvre d’une politique scientifique et réduit le rôle des scientifiques à celui de chercheurs de financements.

Dans ses premières déclarations, Thierry Mandon a montré qu’il avait conscience de la situation difficile du budget de la recherche. Pour notre part, nous considérons que le doublement des crédits de base distribués par les établissements constitue une urgence au même titre que l’établissement d’un plan pluriannuel de l’emploi scientifique. Nous pensons que l’objectif à atteindre, quant au montant des crédits publics, devrait être un premier sujet de discussion entre le secrétaire d’État et les syndicats.

« Il y a encore beaucoup à faire en matière de simplification. Je compte faire de ce sujet l’une des priorités de mon action dans les mois qui viennent (…). Un chercheur n’est pas là pour remplir des foules de dossiers. Consacrer un peu plus de temps à faire leur travail, c’est ce qu’ils souhaitent le plus ardemment. Il est du rôle et du devoir de la puissance publique de les mettre dans cette situation », a déclaré Thierry Mandon. Il y a là un sujet qui mérite aussi l’ouverture de négociations. Ci-dessous un résumé des propositions du SNCS-FSU.

1 – La politique scientifique doit être construite par les organismes et les universités, via leurs coopérations contractuelles, essentiellement dans le cadre des UMR. Ces coopérations fondamentalement évolutives, montées par la base, s’opposent au modèle unificateur dominateur et cloisonnant des ComUE, dont le SNCS continue à penser qu’il est gravement nuisible. Les organismes, qui ont une mission de structuration nationale, ne doivent pas être des membres statutaires des ComUE. Cela revient à vouloir mettre le grand dans le petit et à ravaler le rôle des organismes, qui est par définition délocalisé, à celui de suiveurs impuissants de politiques circonstancielles.

2 – Les établissements doivent pouvoir coopérer entre eux au travers d’actions pluridisciplinaires, gérées par l’un d’eux. Les établissements peuvent prévoir des procédures spécifiques permettant aux jeunes chercheurs d’accéder à leur autonomie scientifique.

3 – Les financements des diverses composantes des PIA doivent être progressivement intégrés dans les structures normales, construites par la base : groupements de recherche (GdR) ou fédérations de laboratoires, par exemple.

4 – L’ANR devrait être supprimée. En contrepartie devrait être créée une instance, paritaire entre les scientifiques et les membres de l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPECST), ayant pour rôle de définir de grands thèmes répondant aux besoins du pays en matière économique et sociale (santé, environnement, ville, etc.). Reprises et adaptées par les coopérations inter établissements susmentionnées, ces actions pourraient bénéficier d’un financement spécifique.

5 – Toutes les actions sur appel à propositions doivent être évaluées par des instances scientifiques collégiales et transparentes, sur le modèle du Comité national de la recherche scientifique, et doivent être mises en oeuvre avec des emplois budgétaires permanents.


* L’ANR, le ministre et les démissionnaires, Sciences², 16 septembre 2015.
‡ Selon le mot immortel de Nicolas Sarkozy, le 28 janvier 2008, à Orsay.


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