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AERES/CNRS : une tartine de préjugés hors de propos. SNCS Hebdo 12 n°9 du 23 juillet 2012

mmSNCS-FSU23 juillet 2012


Christophe Blondel, trésorier national du SNCS-FSU

L’AERES a enfin rendu son rapport sur
le CNRS. La composition du comité de visite dépêché rue Michel-Ange
nous avait, d’entrée, fait redouter le pire (cf. SNCS-Hebdo 11 n°21).
Nous avions hélas raison : le rapport de l’AERES n’est, au final, qu’un
pudding de statistiques mal digérées et de considérations abstraites
sur la gouvernance, la structuration et la « stratégie ».

La réponse du président Fuchs, si elle
met bien l’AERES face à quelques-unes de ses plus flagrantes
contradictions, reste cependant sur le plan de la gouvernance, de la
structuration et de la « stratégie » …

Les grands oubliés, dans ce duel à
base d’arguments « managériaux », sont tout bonnement le personnel et
les résultats de l’activité scientifique de l’établissement. Que valent
ces chicanes sur la « stratégie » de la part de censeurs qui refusent
de prendre en considération l’impact scientifique du CNRS ces dernières
années ? Un rapport bâti sur des préjugés managériaux, sans
considération pour la façon dont l’organisme a rempli sa mission
principale, n’est qu’une caricature d’évaluation. L’AERES, construite
pour n’évaluer que des vitrines, donne ici plus que jamais la mesure de
son incapacité à évaluer la recherche sur le fond. De cette agence
oublieuse de la réalité de la recherche  et irrespectueuse de la
liberté scientifique, exigeons la dissolution !

SNCS Hebdo 12 n°9 Version pdf


A une époque où l’on encense le résultat et la performance, il y a quelque chose de surréaliste à lire, en préambule du rapport officiel de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES) sur le CNRS, qu’elle a procédé à son « évaluation » en laissant complètement de côté ses performances scientifiques. Le préambule – « le rapport examine successivement la gouvernance et l’organisation du CNRS, son positionnement institutionnel, sa politique scientifique, sa politique européenne et internationale, son action en matière d’innovation, de transfert, de valorisation et de relations avec la société, son pilotage et la gestion de ses ressources, sa politique de ressources humaines et, enfin, son management et sa vision stratégique » – rend très clair que le comité de visite ne voulait surtout pas se risquer à mettre les pieds dans un laboratoire, et encore moins à rencontrer de vrais chercheurs, ingénieurs et techniciens. Et l’on croit révolu le temps des médecins de Molière …

Le résultat de cette pseudo-évaluation n’est, logiquement, qu’un méli-mélo incohérent de statistiques et de préjugés … Ainsi l’AERES n’hésite-t-elle pas à reprocher au CNRS que « les résultats [scientifiques] ne sont pas homogènes et l’excellence n’est pas généralisée ». C’est que, messieurs les censeurs, la recherche scientifique, la vraie, quelquefois ça rate ; c’est si les résultats étaient « homogènes » qu’il y aurait de quoi s’inquiéter ! La sentence a été justement épinglée par le président du CNRS. Celui-ci a beau jeu, dans sa réponse, de pointer l’incohérence d’une agence qui s’est excusée, au départ, de ne pas évaluer la science mais la frappe « à brûle-pourpoint » d’un jugement définitif.

Signature de son parti-pris politique, l’AERES présente le CNRS comme incapable de s’adapter à « une période de transition, entre l’ancienne et la nouvelle organisation de la recherche en France ». Comme si le CNRS n’avait pas eu, au cours de ses 73 ans d’histoire, à affronter des transformations bien plus graves : de son affirmation dans la France de la reconstruction à la fin, au tournant du siècle, de l’expansion de ses effectifs, en passant par la révolte de 1968 contre les mandarins et la massification de l’enseignement supérieur. Malgré tout cela l’agence « indépendante » qui juge aujourd’hui le CNRS considère encore les caprices de celui qui voulait être hier pour nous le chauffage et la lumière comme la transition séculaire entre un ancien et un nouveau monde …

Or « la nouvelle organisation de la recherche en France », dont l’AERES continue d’être la propagandiste zélée, c’était juste la mise au pas des chercheurs sous la férule de la « culture de projet ». L’ANR devait en être l’instrument et l’AERES la police. Le mot est-il trop fort ? Qu’on en juge : l’AERES se permet aujourd’hui d’évaluer les chercheurs non sur ce qu’ils font, non sur ce qu’ils produisent, mais sur ce qu’ils pensent ! Ainsi à propos des pseudo-investissements d’avenir : « Le degré d’acceptation de ces changements paraît encore inégal au sein de la communauté de travail du CNRS ». Des esprits honnêtes se seraient évidemment demandé pourquoi la communauté pense du mal de ces machins en -EX. Des esprits un tant soit peu intelligents en auraient même tiré l’idée que, si la communauté résiste à la propagande de « l’excellence », c’est peut-être qu’elle a raison de résister ! Mais l’AERES ne pense pas, l’AERES vise, compte et stigmatise comme on le lui a appris. Et c’est dans la même veine, arbitraire mais clairement politique, que le rapport de l’AERES remet en cause l’élection comme mode majoritaire de désignation du Comité national ! La démocratie gêne ces gens-là.

Moqué parce que son rapport reproche au CNRS de ne pas créer assez d’entreprises alors que la mission de l’organisme n’est pas celle-là, mais de produire des connaissances, Busquin, le président du comité de visite de l’AERES est déjà obligé de défendre dans la presse son pauvre rapport criblé de critiques. Il ne se rend, ce faisant, même plus compte qu’à répéter comme une litanie « stratégie, stratégie », il finit par être aussi drôle que Toinette : « le poumon, le poumon, vous-dis-je ! » Espérons que le CNRS, grand malade imaginaire de notre époque, réussisse à échapper in fine aux tristes Purgon qui le poursuivent.

Cependant la majorité a changé … Que le nouveau gouvernement ouvre donc enfin les yeux sur le rejet qu’expriment les chercheurs de cette agence disqualifiée. Qu’il dissolve l’AERES et rende la mission d’évaluer aux organes d’évaluation scientifique composés en majorité d’élus. Mettons les Diafoirus à la porte et retrouvons l’évaluation par les pairs !



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